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Les premières fois, je suis restée assise de longues minutes sur mon canapé, à contempler le vide et le silence.

A me demander ce que j'allais faire de moi.

A tendre l'oreille pour écouter le bruit de mes désirs.

Electroencéphalogramme plat.

Pour entendre le son de ma voix, enfouie, tout au fond.

Pour retrouver cet art oublié : Prendre de soin de MOI.

Les premières fois je suis restée là, assise, épatée : moi qui étais si douée, avant, pour me faire plaisir, je ne savais soudain plus par où commencer.

Ou était-ce de me retrouver soudain tellement libre, le champ des possibles tellement vaste et étendu, que je ne savais vers où aller ?

Ces premières fois, j'avais besoin d'avoir de ses nouvelles tout le temps : des photos, son temps de sieste, où elle était.

Et puis, il y a eu le déclic.

Soudain, j'ai retrouvé la voie vers moi.

Soudain, j'ai retrouvé ma voix.

Le bouton "on", la prise sur le 220 volts.

Je suis partie bruncher, nager, faire du shopping POUR MOI (et un peu pour elle, d'accord, mais à peine).

Et les week-ends qui ont suivi aussi.

J'ai rangé, trié, jeté, nettoyé.

Je suis allée boire des verres, avec eux, avec elles, un peu plus tard, avec lui.

J'ai retrouvé ce chemin qu'il est si facile de perdre à la naissance d'un enfant : celui vers soi.

Aujourd'hui le planning de mes week-ends sans elle est vertigineux. Comme celui de mes week-ends avec elle, finalement.

Mais autrement.

Je les attends même avec impatience, ces moments de presque solitude, ces moments de liberté, ces moments où je souffle un peu.

Lorsqu'elle rentre le dimanche soir, j'ai toujours un petit cadeau pour elle, une petite attention, une petite surprise.

Parce que cela fait partie de la joie de mes week-ends sans elle : me préparer à la joie de son retour.

Me préparer à sa joie de me voir heureuse.

 

Tous mes week-ends sont des moments que j'attends avec impatience.

(Sauf les instants où j'ai envie de l'étriper quand elle est avec moi, et ceux où j'ai programmé des trucs chiants alors que je suis SEULE.)

Un week-end sur deux je suis une mère comblée qui ne lâche presque pas sa fille d'une semelle (mais je me soigne...).

Un week-end sur deux je suis une femme épanouie qui met de l'ordre dans sa vie.

Tous mes week-ends sont précieux, à leur façon.

 

Dites, les parents, et si on n'attendait pas la séparation, pour s'accorder ce temps dont chacun à besoin, ensemble ou séparément ?

Dont, souvent, parfois, dans certains couples, les mères en particulier manquent cruellement ?

Et si on arrêtait de regarder de travers les couples / mères / pères qui prennent du temps pour eux dès après la naissance, comme s'ils étaient des parents indignes ?

Apprendre à nos enfants qu'il est primordial de bien prendre soin de soi si l'on veut pouvoir bien prendre soin des autres dans la durée, moi, je trouve ça très, très digne.

Pas vous ?

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