Aujourd'hui on a remis un timide pied dans la vie, et c'était bon. Hôpital, AVC, hémorragie, perfusion, morphine, pompes funèbres, cérémonie, obsèques, faire-part. Le vocabulaire quotidien des 16 derniers jours qui semblent avoir duré...
Il y a eu des mots d'amour à n'en plus finir, beaucoup de larmes silencieuses et d'autres avec du bruit. Du noir pour ton deuil et du doré pour ta lumière. Ton doux visage pour la dernière fois. Doux et tellement froid. Des secrets...
Le feu qui danse sous nos yeux qui s'y perdent. Le coeur troué, et pourtant des fous rires qui en jaillissent, parfois. Ceux qui t'aiment à nos côtés. Rassembler des forces pour demain, aller en chercher dans les moindres recoins....
Ces jours-ci, je me demande comment on fait pour traverser un deuil sans enfant dans les parages. On va pas se mentir : Globalement, les mômes ne nous facilitent pas la vie. Doux euphémisme. Sauf face à la mort, ironiquement. Une sucette...
Je me fais chauffer de l'eau pour un thé que je ne me verse jamais. Je vais dans une pièce pour prendre un objet dont je ne me souviens pas une fois parvenue à destination. J'écoute ce qu'on me dit avec attention mais je n'entends...
Après 8 jours passés à l'hôpital à essayer vainement de réparer le corps ébréché de ma maman, après son départ et les vagues de larmes et d'épuisement et le torrent des choses à penser et à faire pour le grand au revoir qui approche,...
Choisir sa tenue, les bijoux qu'elle portera. Préparer des lits pour la famille qui sera bientôt là. Retrouver de vieilles photos. Répondre aux questions qu'on ne s'est pas encore posées. Essayer de n'oublier de prévenir personne....
Hier soir j'ai lavé pour toi cette chemise de nuit avec autant d'amour que de Génie sans frotter, dans la bassine rose de cette affreuse salle de bain d'hôpital que j'ai pourtant fini par aimer. Je l'ai mise à sécher, avec comme l'intuition...
Apprendre que ton livre de chevet du moment était celui que je t'avais offert à Noël. Tomber sur le menu de la semaine dernière sur votre frigo, écrit de la sublime écriture ronde dont j'aurais rêvé d'hériter. Sentir ton odeur sur...
C'est facile, tant qu'on n'a pas le goutte à goutte sous le nez, de dire à quel point on ne veut pas d'un tsunami d'acharnement thérapeutique et comme on préfère laisser nos amours quitter ce monde en douceur plutôt qu'y vivre enchaînés...