C'est à la mer de choisir son lit.

C'est facile, tant qu'on n'a pas le goutte à goutte sous le nez, de dire à quel point on ne veut pas d'un tsunami d'acharnement thérapeutique et comme on préfère laisser nos amours quitter ce monde en douceur plutôt qu'y vivre enchaînés pour le restant de leurs jours.

Et puis chaque goutte qui tombe dans l'océan de notre incertitude dilue un peu plus nos bonnes intentions.

On voudrait alors braquer un jet privé et aller chercher par la peau du cul les plus brillants neuro-chirurgiens du monde entier pour réparer notre amour du dedans et notre coeur en même temps.

Convoquer des sorciers, des médiums, le vaudou et prier tous les dieux alors qu'on a des tripes d'athée à 1000%.

Au lieu de ça, on continue de regarder les gouttes couler, le temps passer, en faisant comme si on en avait quelque chose à branler de la primaire ou de la météo.

Entre deux massages et trois mots doux, on se demande si on doit chuchoter bats-toi ou let it go ou la fermer.

On ne sait plus.

On fait les trois, alternativement.

Alors on sort respirer et nos jambes ne nous portent soudain plus et on pleure sur le lino dégueulasse du bruit que fait un coeur quand il se déchire d'un coup.

On reste là à écouter ce son inconnu sortir de sa propre gorge, longtemps.

Et ça va enfin mieux.

On respire à nouveau.

On se relève doucement.

On ramasse les miettes qui sont tombées par terre et on les remet dedans un peu pêle-mêle, un peu en bordel, un peu sans dessus dessous mais tout y est, à peu près.

On se rassemble et on plie proprement nos sanglots dans une poche, on y retourne et on regarde patiemment le goutte à goutte faire son œuvre, son chemin, sa route, et on essaye tant bien que mal d'accepter que c'est à la mer de choisir son lit.

Et on accepte tant bien que mal l'impuissance déchirante malgré l'amour infini.

Et on accepte tant bien que mal qu'on continuera à vivre et à rire et à pleurer et à aimer quelle que soit l'issue.

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