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Il y a des billets que j'ai en tête depuis longtemps, mais que je reporte à plus tard, quand j'aurais du temps.

C'est le cas de celui-ci.

Non pas que j'ai plus de temps, bien au contraire, puisqu'il est plus d'une heure du mat et que je me lève aux aurores demain, mais parce que le coeur y est.

Ce soir, c'était un de ces moments à nous.

Nous sommes 8.

Souvent 7, car l'une de nous est moins souvent présente, c'est comme ça et ça nous va.

Depuis des années.

Combien, au juste ?

Je serais incapable de le dire.

5 ans ? 7 ans ?

Dans ces eaux-là.

Difficile aussi de dire comment ça a commencé.

Autour de A. qui réunissait plusieurs de ses amies, qui elles-mêmes ont rameuté d'autres amies, au compte-goutte bien sûr.

C'était plus ou moins régulier.

Et puis C. est partie vivre à Lyon.

Horreur. Malheur. Nous allions nous perdre de vue.

Alors nous avons décidé que notre dîner deviendrait mensuel.

C. s'est barrée de Paris mais, pas folle, elle a un bon plan pour revenir nous voir facilement.

Notre rendez-vous menseul a tenu. Puis s'est renforcé.

Il est devenu précieux, presque vital.

Nous nous sommes connues presque toutes célibataires, libérées, fêtardes, un peu tarées, drôles, parfois délurées, si différentes les unes des autres.

Nous nous sommes vues grandir.

Nous avons 7 enfants, bientôt 9.

Deux n'ont pas encore sauté le pas, 4 autres si, et nous sommes deux à devenir mères.

Elles sont les soeurs que je n'ai jamais eues.

En mieux, puisque je ne les vois pas assez pour les trouver chiantes...

Ces dîners, c'est notre espace, notre intimité.

Je sais, à 8, ça paraît fou, d'être intimes, et pourtant...

On passe du rire aux larmes, ensemble. Et des larmes au rire, aussi...

On se raconte nos crises de couple, nos coups de gueule.

Nos dernières conneries, celles de nos familles.

On se soutient, on se recadre aussi.

On se dit les choses.

Nous sommes là pour les mariages, les PACS, les naissances, avec nos hommes à nos côtés.

Pour les moments plus durs, aussi.

Nous trinquons aux promotions, aux formations, aux reconversions.

Nous nous parlons sans tabou, sans jugement, sans culpabilité.

Nous sommes vraies les unes avec les autres, nos masques sont tombés, il y a bien longtemps.

Je crois que c'est beaucoup grâce à elles que j'ai trouvé la force et le désir d'être mère, d'être en couple, de me construire.

Elles sont, bien plus qu'elles ne le croient, des modèles pour moi.

Des modèles de la maternité qui me convient, des modèles de femmes, de compagnes, d'amies.

Nous nous aimons avec nos failles, nous nous connaissons bien.

Nous venons même épuisées, même déprimées, c'est notre espace à nous.

Celui que personne ne nous prendra.

Celui dont on sort le rire au ventre.

Ceux qui dînent près de nous doivent devenir dingues à nous entendre rire subitement à gorge déployée, parfois aux larmes.

Dingues d''entendre fuser "chatte", "culpabilité", "con de chef", "boules de geisha", "je ne sais plus quoi faire", "il m'a offert un voyage aux Maldives" à quelques secondes d'intervalle.

 

La Mère Bordel aime sacrément ses grognasses.

Putain, et dire que j'écris tout ça sans même être avinée.

Deux gonzesses dans un seul corps c'est définitivement trop de chichis...

Je suis VRAIMENT foutue.

 

 

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