J'ai une chance inouïe. En plus d'être chef, j'ai une remplaçante merveilleuse avec qui je m'entends parfaitement. En fait, je la connaissais d'avant et elle a quitté un poste équivalent au mien au moment où je partais en congé maternité. De plus, comme j'aime avoir le choix, Père Bordel et moi avons mis le maximum d'argent de côté dès le début de notre grossesse - si si, notre - et comme ça coïncidait avec une promotion de son côté, ça tombait bien. J'ai donc pu décider, durant mon congé maternité, si j'allais le transformer ou pas en congé parental. Pour rappel, le congé maternité c'est 16 semaines en tout, 6 avant l'accouchement et 10 après. Au premier enfant, on peut y ajouter 6 mois de congé parental, rémunéré - je devrais dire dédommagé - 360 euros par mois sans tenir compte du salaire habituel. Ni du loyer habituel. Ni des impôts. Mais de ça je reparlerai bientôt de façon plus approfondie dans le billet "Congé maternité ou congé parental: la peste ou le choléra ?" Ce dont j'ai envie de parler aujourd'hui c'est du rythme de ma maternité. Donc du mien et de celui de ma fille. J'ai rapidement décidé que la laisser 2 mois et demi après l'avoir rencontrée, c'était trop tôt pour moi. Mais je suppose que je le savais déjà, puisque j'avais pris toutes les dispositions pour que ce soit possible. En même temps, je ne voulais pas me retrouver coincée à la maison alors que je ne m'y sentirais pas bien. Rapidement après la naissance de Barbie Sumo, hormis le fait que j'avais envie et besoin de passer plus de temps avec elle, j'ai bien compris que je ne me sentais pas de retourner diriger une équipe avec un périnée sauvage et un seul neurone en liberté. Je précise que je parle de mon expérience personnelle et pas de généralités, et j'aimerais que les commentaires à ce billet ne partent pas en pugilats maternantes / féministes, allaitantes / biberonneuses et autres querelles stériles qui abondent ces temps-ci sur la toile, je ne me sens aucune appartenance de camp et se mettre sur la gueule entre femmes ne fait certainement pas avancer la cause féminine, bien au contraire. Je disais, donc, que je ne me sentais pas de retourner travailler 2 mois et demi après avoir accouché, tant pour moi-même que pour "profiter" de la compagnie de ma fille. Je mets profiter entre guillemets parce que bon les premières semaines le moins qu'on puisse dire c'est que c'est pas la dolce vita. C'était donc une évidence pour moi de prendre un congé parental. Plutôt bien vécu globalement, puisque dès que j'ai été un peu remise physiquement de mon accouchement - un bon mois après - j'ai beaucoup vadrouillé avec ma gosse sous le bras. Et puis, je l'ai déjà dit, j'ai aussi mis en route d'autres projets professionnels, parce que ça s'est présenté, et parce que j'aime ça, faire mille trucs à la fois. Mais à un moment, ce rythme me convenait tellement que j'ai eu très peur. J'ai pensé ne plus jamais vouloir retourner au boulot. Je me suis dit que pour moi, le mieux serait de travailler de la maison, être "libre", passer du temps avec ma fille, quitte à continuer comme je le fais depuis des mois: m'occuper d'elle le jour et travailler la nuit. Et puis un jour, d'un coup, il y a deux semaines, j'ai eu besoin de passer au boulot. Et j'ai eu le déclic. L'envie de reprendre, d'un coup. Bam. Ça tombe bien, c'est prévu en septembre. Pour moi, c'est arrivé aux 6 mois de ma fille. A peu près. Je vais retourner travailler sereine, heureuse, avec envie. Avec le sentiment d'avoir écouté mes besoins et mes envies. Et ceux de ma fille, aussi. Riche de mille choses de plus qu'avant. Et pour une chef d'équipe qui manage aussi des collaborateurs qui sont parents, ça me semble un indéniable plus. Mon souhait, pour 2012, c'est que les temps de la mère ne soient plus un luxe. Que chacune puisse retourner travailler quand elle le sent après un bébé. Pas quand elle le doit. Je sais. Mais c'est aussi pour mon utopie qu'on m'aime.

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