Celle qui accepte et celle qui s'insurge.

Il y a dedans moi l'ancienne infirmière puéricultrice, rationnelle, expérimentée, qui voit et comprend tout ce qu'il se passe et en tire les conclusions avant même qu'on les lui expose.

Il y a dedans moi la fille de sa mère, pleine d'un espoir fou malgré le flot de nouvelles noires, accrochée à la main de sa mère comme pour la retenir pour toujours ou au moins retarder l'échéance.

Il y a l'infirmière qui se souvient des miracles auxquels elle a assisté.

Il y a la fille de sa mère qui la connaît si bien qu'elle voit que son souffle pourtant puissant n'est déjà plus vraiment d'ici.

Il y a la force de celle qui gérera quoiqu'il advienne.

Il y a le chagrin écrasant de celle qui aurait voulu lui dire tant encore, et lui demander sa recette de truffes qui déchire.

Celle qui accepte et celle qui s'insurge.

Celle qui voit tout le beau dans le gris, et celle qui trouve ça tellement injuste et soudain.

Celle qui a tant de gratitude de ces heures auprès d'elle.

Celle qui est si furieuse qu'on ne puisse rien faire d'autre qu'attendre.

Celle qui veut protéger sa propre fille et lui permettre d'être là.

Celle qui se sent tellement impuissante.

Il y a toutes celles-là ensemble qui se préparent pour la suite, quelle qu'elle soit, et qui se promettent de tenir debout dans une schizophrénie parfaitement assumée.

Je te promets de tenir debout, maman, où que tu choisisses d'aller demain.

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