Je te cherche partout.

Je vais à un dîner en avance, avec l’espoir que tout le monde arrive en retard et que j’aurai 15, 20, 30 minutes pour écrire tout ce qui danse dans ma tête à longueur de journée sans que la folie de la vie que je mène ne me laisse le temps de l’écrire.

Et ça sort enfin.

Je te cherche partout.

Dans les nuages, sur les murs, le long des trottoirs.

Dans ta croix coincée dans mon push-up.

Dans ton gilet grenat.

Dans le moule de ton légendaire moelleux au chocolat.

Je crois voir ton dos, ton manteau, tes pas, et puis je sais bien que non.

Je n’arrive plus à te parler, pour l’instant.

Je me demande comment un si grand vide peut peser aussi lourd.

Je n’ai pas de vague à l’âme existentiel.

Tout le superflu s’est envolé d’un seul coup.

Je ne m’offusque de rien, je me fous de tout ce dont il est urgent de se foutre.

Je t’ai veillée jour et nuit pendant 8 jours, je t’ai vue mourir, je t’ai vue morte.

Et pourtant je n’y crois toujours pas.

Par moments c’est doux et serein et c’est comme ça, ton sourire est gravé en moi pour toujours et tout va bien.

Tu souris dans ma tête pour l'éternité et tout ira bien.

L’instant d’après j’ai le vertige, je contemple l'immense vide du bord du gouffre sans fond où le deuil m’a soudainement jetée.

Je connecte intensément avec d’autres qui ont vécu ce que je vis.

Je sens ta présence dans les bras de Souaad, d’Anne-Cécile, de Julie, d’Annie, de Youmna.

De toutes celles, qu’importe leur âge, qui me donnent ce sentiment d’amour puissant et de bienveillance à mon égard.

Je te cherche partout, encore.

Dans mes souvenirs doux, dans nos engueulades qui me paraissent tellement futiles et tellement claires à la fois, maintenant.

Je te cherche dans les Tupperware que j’ai gardés de toi, ceux qui finissaient immanquablement tous dans ma cuisine, où tu venais les chercher quand tu n’en avais plus dans ton placard.

Je te cherche quand j’embrasse papa.

Je comprends tout, soudain.

Je m’applique à ne pas avoir de regrets.

Je vis avec cette première dent de ma fille qui bouge et cette envie de t’envoyer un sms pour te le dire.

Alors que c’est con, évidemment, tu le sais bien que sa dent bouge.

Puisque tu es dans chacun de nos gestes.

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