Voilà le titre - un poil racoleur, j'en conviens - de l'émission Zone Interdite diffusée hier soir sur M6.

Si vous l'avez ratée, je vous recommande chaleureusement le replay ici.

Je ne crois malheureusement pas que vous puissiez y avoir accès depuis l'étranger, et c'est bien dommage.

Voici le résumé de l'émission:

"On croit souvent que l´amour maternel est une évidence. Mais face à ce bébé si désiré, de plus en plus de jeunes mamans sont inquiètes, tristes ou en colère. Certaines vivent même les premiers mois de leur enfant comme un calvaire. Loin des clichés de maternité comblée qui font la une des magazines, elles n´arrivent pas à assumer tous les bouleversements provoqués par la naissance. Épuisées, isolées, débordées, elles peuvent perdre les pédales à tout moment. Nous avons rencontré ces mères à bout de nerfs. Entre déni, honte et culpabilité, impossible de s´en sortir seules. Comment les aider à gérer leur angoisse et à s´évader d´un quotidien oppressant ? Pourquoi l´heureux événement peut-il transformer des femmes fragiles en mères dépressives ou pire, en meurtrières ?"

Avant même que l'émission ne démarre, j'étais ravie.

Le titre - du moins sa première partie - a suffit à ma joie.

Je m'explique: Personnellement, je pense que de nombreux problèmes disparaissent - ou du moins s'atténuent - dès lors qu'ils sont dits.

D'une certaine façon, c'est cette conviction qui m'a conduite à ouvrir ce blog un certain 8 avril 2010.

Et encore, alors enceinte, je n'imaginais pas une seconde ce qui allait me tomber sur le coin de la gueule, dans le positif comme dans le négatif d'ailleurs.

A l'époque ce qui avait été difficile pour moi, c'était de prendre la décision de devenir mère malgré tout.

Malgré un monde un peu à chier, l'incertitude de rester un couple assez longtemps pour élever un enfant, l'angoisse de la perte de liberté, etc...
Pour moi, réussir à prendre cette décision, c'était accepter de prendre des risques, accepter l'incertitude, accepter des sacrifices, au moins temporaires.

Je pensais qu'une fois la décision prise, et après les quelques mois nécessaires de préparation - ces fameux 9 mois - tout allait rouler.

Je n'avais pas imaginé qu'il y aurait tant de larmes, de colère, d'impression d'être emprisonnée.

Aujourd'hui, c'est le jour des 16 mois de ma fille.

Elle est encore dépendante de moi à bien des niveaux, évidemment, mais elle est plus autonome de jour en jour, et nous réclame de façon de plus en plus équitable son père et moi.

J'ai le sentiment d'être sortie de ce que j'appelle "le tunnel de la lose" de la 1ère année.

Je n'ai  jamais secoué ma fille, je ne l'ai pas étouffée dans son sommeil, on ne m'en a pas retiré la garde, je ne me suis pas suicidée.

Contrairement à certaines des femmes qui ont livré leur témoignage hier.

Sur Facebook et Twitter, beaucoup se sont insurgés qu'on présente des cas aussi "extrêmes" de maternité douloureuse.

Je ne crois pas que ces cas soient extrêmes.

Je crois que ce sont les conséquences qui le sont.

A un moment, elles ont franchi l'infime barrière qui sépare le craquage intérieur bref et transitoire du passage à l'acte irrémédiable et dramatique.

On peut continuer de se rassurer en faisant la liste des raisons pour lesquelles ça ne nous arrivera jamais à nous, ni à notre soeur, à notre voisine, à notre amie.

Ou on peut regarder la vérité en face, et se dire que cette mère en souffrance, cette mère défaillante, c'est nous, ça peut être nous.

Ces cas "extrêmes" sont la partie visible d'une souffrance que nous sommes beaucoup à avoir ressentie.

Sommes-nous mieux armées, plus matures, plus solides, mieux entourées que ces mères ?

Sans doute.

Avons-nous plus de chance ?

Probablement.

Mais se dire que non, moi, jamais ça ne m'arrivera, c'est indirectement stigmatiser et juger toutes les mères dès lors qu'elles ne ressentent pas la prétendue plénitude de la maternité et empêcher celles qui ont le mal de mère de pouvoir le dire, et en guérir.

Ce que je retiens de tous les drames d'hier, c'est que la parole aurait sans doute pu les éviter.

Ce que je retiens de ces femmes, c'est qu'elles ne sont pas des monstres, elles sont vous, elles sont moi, sauf que quelque chose en elles s'est enrayé.

Elles le payeront toute leur vie le prix fort, et leurs familles aussi.

J'ai lu sur les réseaux qu'il était temps qu'on en parle, qu'il faudrait aussi parler des pères, etc...

Bien sûr, c'est évident.

Et si, quand il y a un évènement positif, on se contentait de s'en réjouir, sans l'assommer tout de suite sous nos "mais" ?!

Hier, pour moi, c'est un pas de plus qui a été franchi vers une maternité plus libre et plus authentique, pour que des mères ne craquent plus seules dans leur coin en se croyant anormales de ne pas être seulement submergées de bonheur...

 

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