Quand on est en couple, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a des changements avec le temps…

 

Un des plus notables, c’est le comportement de notre moitié lorsque nous sommes malades, et vice versa.

 

Enfin nous, les femmes, nous sommes malades.

Vous, messieurs, vous êtes en phase terminale.

 

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Le vent ne sait pas lire, 1958

 

Année 1 : Elle est malade


Ils sont en voyage, dans un pays merveilleux au sable blanc, au soleil brûlant et… à la turista fulgurante.

C’est leur premier voyage de couple, ils sont ensemble depuis quelques mois, et en sont toujours au stade où ils nient avoir un quelconque système digestif l’un comme l’autre.

Un soir, le mix crustacé / mojito fait des ravages, et la voici au-dessus des toilettes à vomir – non, elle n’est pas déjà enceinte, c’est un peu tôt.

Il entre dans la salle de bain, lui dit « ça va ? » et vient lui tenir les cheveux en lui caressant le cou. Elle se dit que c’est ça, l’amour.

 

Année 2 : Il est à l’article de la mort


Ils vivent ensemble à présent, dans un joli petit deux pièces aménagé à leur goût. Aujourd’hui le pauvre chéri est enrhumé. Il est en vitesse de croisière : 1 kleenex / minute. Le nez rouge, l’œil humide, on pourrait croire que tout sex appeal s’est envolé, mais non : elle le regarde avec amour, elle le bichonne, elle lui met même de la crème sur les ailes du nez, pour qu’il ne souffre plus du contact rugueux de ces maudits Kleenex. D’ailleurs, elle vient juste d’aller lui en acheter des triple épaisseur à l’huile de soie, parce qu’il le vaut bien. « Je vais te faire un grog, mon amour » et elle s’exécute, ne lésinant pas sur le rhum 12 ans d’âge.

Il le vaut bien, on a dit.

 

Année 3 : Elle est à terre


Cette année cette chienne de grippe a frappé. On ne sait pas si elle va s’en sortir la pauvre, est-ce une bête de grippe classique ou une méchante venue d’ailleurs, un peu aviaire sur les bords ? Nul ne le sait. En attendant de savoir si l’issue sera fatale, il doit partir travailler et la laisser à son triste sort. « J’ai mis ton téléphone à charger ma chérie, que tu puisses appeler ta mère si ça ne va pas. Moi je ne serai pas joignable hein, je suis en réunion toute la journée ». Elle passera sa journée à frissonner, il prendra quand même quelques minutes pour lui envoyer les SMS essentiels à la survie de toute femme malade, à base de « ma pauvre, couvre-toi bien, ça va aller, je te ferai une tisane en rentrant… »

 

Année 4 : Il se casse une jambe


En jouant au foot, le con. Une fois passée l’angoisse, elle n’a pas manqué de l’engueuler en post-op, juste à son retour de salle de réveil « Non mais vraiment, tu crois qu’on a le temps de gérer tes conneries ? A cause de toi on va devoir annuler les vacances ! Tout ça pour… du foot ? C’est sérieux ? Si encore tu touchais les salaires des grands joueurs, je dis pas, mais là, ça sert à quoi à part me faire chier ? Franchement, je me demande dans quelle mesure tu ne l’as pas fait exprès pour avoir une bonne excuse de ne pas en foutre une ramée à la maison. Je crois que tu vas aller te reposer chez tes parents, parce que je ne vais pas supporter de te voir vautré sur le canapé ». L’amour dure 3 ans, c’est bien connu, on est en année 4, ceci explique cela…

 

Année 5 : Elle vomit encore…


Il a su se faire pardonner sa jambe cassée sous les draps, résultats : les voilà bientôt parents, et ils sont ravis (et naïfs, les pauvres…). Mais les trois premiers mois de grossesse sont rudes, et elle vomit tous les jours. « Avant, tu me tenais les cheveux quand je vomissais ! » « Oui enfin là, tous les jours, je peux pas suivre hein… Tiens, je t’apporte un bandeau pour tes cheveux. Sinon, tu les coupes, non, ça sera plus pratique ? » Ils ne le savent pas encore, mais désormais ce sera marche ou crève, parce qu’avec un enfant, quand l’un des parents est malade, l’autre gère le môme pendant que sa moitié lutte pour sa propre survie, et il n’y a personne pour chouchouter un parent malade.

 

Bien entendu, ceci est une fiction.

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait purement fortuite…

Evidemment. Cela coule de source.

 

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