L'absence a fait bouger les lignes

Rien n'a changé, et pourtant tout est tellement différent.

Ce n'est ni bien, ni mal. C'est les deux à la fois. Tout est à la fois plus sombre et tellement plus lumineux.

L'absence a fait bouger nos lignes, déjà.

Nous nous surprenons tous, mutuellement, et nous-mêmes.

L'absence a fait bouger les lignes.

De l'humour, de la tendresse, des coups de fil, des attentions.

Et ces coups de poignards qui frappent parfois d'un coup dans le doux, sans prévenir.

Et ces larmes qui roulent parfois sur nos joues, quand personne ne nous voit.

Et cette peur d'oublier son visage et sa voix.

Et cet or qu'on n'a toujours pas qu'on donnerait pour l'écouter lui parler la serrer dans nos bras la regarder juste 5 minutes encore, quand on pouvait le faire à loisir il n'y a pas si longtemps et qu'on ne le faisait pourtant pas.

Parce que c'est comme ça c'est la vie, et c'est la mort aussi.

Et dans tout ça on grandit tous tellement.

Cette enfant qui s'attache les cheveux seule maintenant parce que "Mamé me disait tout le temps qu'il fallait que je m'attache les cheveux alors je veux lui faire plaisir".

Ce père qui tient debout, pour nous ?

Ces frères dont je vois le meilleur.

Et moi, qui refais des crêpes pour nous tous pour la première fois depuis si longtemps, avec le goût de celles qu'elle faisait, comme si elle était là. Ou presque.

Et tous ces autres qui nous envoient des pensées tellement brûlantes qu'on les reçoit avant même qu'ils nous appellent.

La mort de ceux qu'on aime sert-elle à nous rendre meilleurs avant que notre tour arrive ?

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