Ne viens pas demain matin, j'ouvre à ta place.

Un bouquet de fleurs.

Un SMS.

Une rose virtuelle.

Des pâtes à la puta je ne sais quoi.

Un ange par La Poste.

Des smileys de toutes les couleurs.

Un coup de fil.

Une blague bien trash.

Du sirop d'érable de là-bas.

Un colis surprise.

Des messages privés tellement privés.

Deux verres de vin rouge bio.

Un badge "vers l'infini et l'au-delà".

Un maffé.

Une addition payée à ma place.

Des crêpes maison.

Des bras autour de moi.

Dix additions payées à ma place.

Un "ne viens pas demain matin, j'ouvre à ta place".

 

Même ma banquière fait mine de ne pas voir que j'ai over-dépassé mon découvert autorisé.


Des mots d'amour de mon père comme je n'en ai jamais entendus.
On dit "ça n'enlève rien à la douleur", et c'est faux.
On dit "ça n'est rien", et ce n'est pas vrai.

Mes sœurs sont là, dans l'ombre ou la lumière.
Ceux qui m'aiment se montrent.
Se dévoilent, parfois.
Ma famille se rassemble.
Et ce n'est pas rien.
Et si, ça enlève de la douleur, d'ouvrir les yeux assez grand pour voir tout ce qu'on gagne à perdre tellement.
À accepter que ce vide béant se remplisse doucement, autrement.


Tu me manques, maman.
Terriblement.
Et pourtant, je n'ai jamais regardé si loin que maintenant.
Jamais regardé si haut que maintenant.
J'espère que tu le vois.
J'espère que tu me vois.

Retour à l'accueil